C’était il y a trois semaines, le mercredi 11 mars, c’était il y a une éternité. Devant une cinquantaine de personnes réunies à la bibliothèque de Charlesbourg, les chercheures Lucie Germain et Julie Fradette du Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval accompagnées de Valérie Borde présentent une passionnante conférence sur les cellules souches. On a du mal à vider la salle tant les échanges s’éternisent. Dans la salle, un homme passionné de vulgarisation nous dit être venu spécialement du Luxembourg pour suivre les conférences Déclic Santé, fuyant du même coup l’Europe et son ambiance glauque pré-pandémie et comptant en profiter pour visiter le Québec. Pendant que nous échangeons une poignée de main chaleureuse qui nous hante encore (même si nous n’avons pas eu connaissance de gens malades suite à cette ultime conférence), l’Organisation mondiale de la santé déclare que le monde est entré en pandémie. Dès lors, tout s’accélère et tout s’embrouille.
Le soir même, notre conférence « Menaces sur les lacs », prévue le lendemain à Magog avec la professeure Beatrix Beisner, directrice du Groupe de recherche interuniversitaire en limnologie, est annulée. On s’attendait à une participation record du public, après plusieurs entrevues dans les médias, de nombreuses invitations et la présence annoncée de deux représentants du monde politique. Premier coup dur. Le lendemain, le Québec en entier s’arrête, et on comprend très vite que la quinzaine de conférences Déclic planifiées d’ici l’été vont toutes devoir être annulées, et qu’il sera difficile à court terme de planifier des reports au vu de l’incertitude sur l’issue de la pandémie. Gros coup dur pour notre moral, et grosse claque pour une minuscule organisation dont le financement vient principalement de l’organisation de conférences, et qui repose sur un réseau de travailleurs autonomes.
Mais nous avons la chance d’être bien outillées pour nous montrer résilientes. Nous sommes en bonne santé et n’avons pas eu à nous adapter au télétravail, que nous pratiquons depuis longtemps. Nous sommes aussi habituées à l’incertitude, même si la situation actuelle est particulièrement angoissante, et nous savons que beaucoup de gens apprécient nos efforts et notre expertise.
Très vite, la question s’est posée : comment le Centre Déclic peut-il rester utile alors qu’on a plus que jamais besoin de comprendre la science pour agir le plus efficacement possible face à cet ennemi invisible? Comment continuer de faire le pont entre les scientifiques et le public plus désarmé que jamais? Quoi faire compte tenu de nos maigres moyens humains, techniques et financiers?
Notre décision a été prise en une fin de semaine : nous avons entrepris de répondre à vos questions sur la COVID-19, posées par courriel, et de vous répondre aussi individuellement par courriel, car nous savons qu’il est bien difficile de se retrouver dans la masse d’informations disponible en ligne. Nos réponses sont basées sur des entrevues avec des chercheurs, la littérature savante et ce qui a déjà été bien établi par la science au fil de l’histoire. Nous les publions aussi sur notre site internet.
Nous doutant que les grands médias allaient très vite être noyés sous les questions du public, nous leur avons offert notre aide. C’est ainsi qu’est né un magnifique partenariat entre le Centre Déclic, la Coopérative Le Soleil et Québec Science, soutenu par le Scientifique en chef du Québec.
Chaque jour, nous recevons des dizaines de questions, et nous avons mis en place toute une logistique pour essayer de répondre au plus de gens possible dans le moins de temps possible. Les chercheurs que nous contactons sont souvent débordés, mais beaucoup prennent le temps de bien nous expliquer ce qui se passe. Nous travaillons très fort pour vous aider, chacun depuis chez soi, mais tous ensemble.
Dans cette transition, nous avons pu compter sur le soutien indéfectible du Scientifique en chef et de son équipe, que nous ne remercierons jamais assez.
Même si nous n’organisons plus de conférences avec ses chercheurs pour l’instant, et que nous donnons la parole à des chercheurs de tout le Québec et d’ailleurs dans nos réponses, le Réseau de l’Université du Québec nous a aussi attribué une aide pour accomplir cette nouvelle mission en ces temps difficiles et nous l’en remercions. Les chercheurs travaillent très fort pour trouver des solutions, mais continuer d’aider le public à y voir clair est tout aussi important, car cela influencera beaucoup la manière dont, comme société, on pourra absorber tous les bouleversements et changer nos comportements.
La pandémie va changer bien des choses dans nos vies à tous, et il est bien difficile pour l’instant de savoir de quoi le futur sera fait. Il y a des milliers de raisons d’avoir peur, mais il faut s’accrocher au positif. Un jour à la fois, nous pouvons tous agir pour minimiser les impacts du coronavirus. Pratiquer la distanciation physique, se laver souvent les mains, soutenir les plus vulnérables et se serrer les coudes, ne serait-ce que par téléphone, bien s’informer auprès de sources fiables, se changer les idées autant que faire se peut. À tous et toutes, nous souhaitons beaucoup de courage, nos pensées vous accompagnent.
Valérie Borde et Julie Lavigne
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Comme vous le savez, le Centre Déclic est un petit organisme sans but lucratif dédié à l’organisation de conférences grand public. Il est donc très touché par la situation actuelle.
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