Quels électroménagers contre la COVID-19?

10 avril 2020
Valérie Borde, Centre Déclic

Femme, Séchage Des Cheveux, Jeune Fille

Q : « Si je mets des aliments emballés au congélateur, est-ce vrai que le virus demeure vivant? », demande Carmelle Chaumont, de Rouyn-Noranda.

R : Vous êtes nombreux à chercher comment éliminer toute trace du coronavirus à la maison. Pour trouver quelles armes peuvent être efficaces, il faut d’abord bien comprendre comment se comporte l’ennemi.

Le SRAS-Cov-2 qui donne la COVID-19 a beau être nouveau, on en sait déjà beaucoup à son sujet. D’abord, comme tous les virus, il n’est pas « vivant » : il ne peut se multiplier que s’il parvient à s’insérer dans nos cellules. Il ne peut donc pas croître à la surface d’un emballage, sur un tissu ou un aliment. Il ne peut pas non plus se développer dans un aliment – les virus qui frappent les humains sont bien différents de ceux qui peuvent infecter des plantes ou même les animaux que l’on consomme.

Le SRAS-Cov-2 se propage par les gouttelettes de mucus émises par les gens malades. Il peut donc se retrouver sur leurs mains (moins si elles toussent dans le creux de leur coude) ou sur les objets qu’elles manipulent ou qui se trouvent dans leur environnement immédiat. Sur une surface exposée à l’air libre, le virus peut rester actif quelques heures à quelques jours selon les matériaux et les conditions ambiantes. Mais plus le temps passe, plus les quantités diminuent.

Vous pourriez cependant avoir introduit le virus chez vous avec des objets ramenés de l’extérieur qui auraient été en contact récent avec une personne infectée, et il est aussi possible qu’une personne vivant sous votre toit soit infectée sans le savoir, soit parce qu’elle n’a pas développé de symptômes, soit parce qu’elle est encore en phase d’incubation.

Les autorités de santé publique recommandent donc de nettoyer plus souvent les objets ou surfaces que l’on touche fréquemment, par exemple les poignées de portes, interrupteurs, téléphones et l’entrée du domicile, avec des produits d’entretien ordinaires.

Vous voulez en faire plus parce que vous êtes inquiets ou que votre situation vous expose à un risque accru? Voici comme utiliser, ou non, vos électroménagers dans la lutte au coronavirus.

Pour préparer ces conseils, nous nous sommes entre autres basés sur la littérature scientifique qu’a bien voulu fouiller pour nous l’équipe de Monique Lacroix, professeure à l’INRS-Institut Armand Frappier, qui étudie entre autres la contamination des aliments par des agents infectieux.

 

Congélateur et réfrigérateur

Non! Les virus peuvent garder très longtemps leur potentiel infectieux quand on les expose à un grand froid. Dans le sol gelé de l’Arctique, on a découvert des virus datant de dizaines de milliers d’années et encore capables de se réactiver quand on les place à la température ambiante. Dans votre congélateur, un virus qui pourrait avoir subsisté sur un emballage sera inactivé, mais pourrait redevenir potentiellement infectieux sitôt remis à température ambiante. Suivant la même logique, garder les produits au réfrigérateur préserve plus longtemps les virus que les laisser sur le comptoir.

 

Cuisinière et four

Les virus résistent mal aux hautes températures et les coronavirus n’échappent pas à ce phénomène. Dans les laboratoires, on inactive le SARS-Cov-2 en le chauffant à 56°C pendant 30 minutes. N’oublions pas cependant que le virus ne peut pas se retrouver dans les aliments, mais seulement éventuellement à leur surface – et encore, seulement si quelqu’un qui en avait sur les mains y a touché peu de temps avant vous. Mangez cuit si cela vous rassure, mais le risque avec des aliments crus bien nettoyés est déjà très très mince.

 

Machine À Laver, BlanchisserieLaveuse/sécheuse

La lessive agit comme le savon, et le virus n’y résiste pas. Pour encore plus de précaution, on peut laver à l’eau chaude, et sécher à la sécheuse. Même les vêtements d’une personne malade peuvent être lavés dans la même brassée que ceux des autres membres de la maisonnée. Éviter cependant tout contact avec ce linge souillé (l’Institut national de santé publique conseille même de le mettre dans un sac pour le porter à la laveuse) et laver à part le linge très souillé par des vomissures ou excréments.

 

Four à micro-ondes

Non. Les fabricants de masques, notamment, ont tenté d’inactiver le virus en le traitant avec des micro-ondes, avec un certain succès. Mais c’est cependant plus la chaleur engendrée que les ondes elles-mêmes qui détruisent le virus. Or comme cette chaleur est inégalement répartie dans un four à micro-ondes, certaines parties de ce que vous y mettez pourraient ne pas avoir assez chauffé. Mais encore une fois, les aliments ne présentent aucun danger une fois lavés. Et un four à micro-ondes ne doit pas servir à autre chose qu’à réchauffer des aliments dans des contenants approuvés pour cet usage. Ne JAMAIS y mettre de produits secs (comme du papier, des billets de banque ou du linge) au risque de provoquer un incendie. Vous avez peur qu’un emballage de carton ou que votre courrier soit contaminé? Même si c’est déjà peu probable que ce soit le cas, vous pouvez juste ne pas y toucher pendant quelques heures et toute trace du virus en aura disparu, sans aucun effort ni danger potentiel.

 

Lampes

Dans les usines de traitement de l’eau ou dans les hôpitaux, des rayons ultraviolets peuvent être utilisés pour tuer des bactéries et des virus. Ces équipements spécialisés émettent des UV-C, qui ont un effet germicide (il faut toutefois une forte puissance et un long temps d’exposition pour que cela fonctionne). Les autres lampes, y compris les lampes de bronzage, émettent principalement des UV-A et UV-B (de longueur d’onde supérieure à celles des UV-C) qui n’ont aucun effet germicide… même si des fabricants peu scrupuleux prétendent le contraire. Les UV-C causent des lésions quasi-instantanées de la peau et de l’œil, et ne peuvent éventuellement détruire les virus que sur les surfaces qu’ils frappent directement et longtemps. Même si vous avez une lampe d’aquarium qui pourrait émettre quelques UV-C germicides, ne la démontez-pas! Il y a bien d’autres solutions plus efficaces, plus simples et moins dangereuses à votre portée!

 

Aspirateur

Dans la mesure où le virus peut éventuellement se déposer au sol, passez l’aspirateur peut aider à éliminer les poussières sur lesquels il pourrait avoir atterri. Dans le même ordre d’idées, aérer est toujours un geste sain, ne serait-ce que pour améliorer la qualité générale de l’air : en restant confinés à la maison, on augmente un peu la pollution intérieure. Avec la diminution de la circulation automobile, l’air extérieur, lui, est plutôt plus « propre » que d’habitude! Vos fenêtres sont de très bonnes alliées.

 

Séchoir à cheveux

La chaleur émise a peu de chance de détruire le virus et le jet d’air peut au contraire faire en sorte de propager celui-ci un peu plus loin. Sécher des cheveux propres? Aucun danger (sauf d’électrocution si vous n’êtes pas prudent). Pour le reste, oubliez ça.

 

Évier et lavabo

Définitivement vos meilleurs amis! Vos mains sont le principal vecteur de contamination et il faut les lavez souvent, et particulièrement dès que vous rentrez.  À l’eau chaude ou à l’eau froide, peu importe, puisque l’eau ne sera jamais assez chaude pour tuer à elle seule le virus sans vous ébouillanter. Inutile d’utiliser un savon antibactérien. Pour les aliments, ne pas vaporiser les fruits et légumes avec de l’alcool ou du désinfectant dont les résidus pourraient être toxiques à ingérer. Les rincer à l’eau du robinet ou, si vous le souhaitez, avec de l’eau savonneuse pour les fruits et légumes dont vous ne mangez pas la pelure.

La COVID-19 suscite énormément de questions. Afin de répondre au plus grand nombre, des journalistes scientifiques ont décidé d’unir leurs forces. Les médias membres de la Coopérative nationale de l’information indépendante (Le Soleil, Le Droit, La Tribune,  Le Nouvelliste, Le Quotidien et La Voix de l’Est), Québec Science et le Centre Déclics’associent pour répondre à vos questions. Vous en avez? Écrivez-nous. Ce projet est réalisé grâce à une contribution du Scientifique en chef du Québec, qui vous invite à le suivre sur Facebook, Twitter et Instagram et du Laboratoire de journalisme de Facebook.

Avec le soutien du Réseau de l’Université du Québec et des Fonds de recherche du Québec.