COVID-19: Faut-il s’inquiéter pour les enfants asthmatiques?

3 mai 2020
Marine Corniou, Québec Science

Inhalateur, Souffle, Asthme, Respiration

Q : Avec la réouverture prévue des écoles et des garderies, beaucoup de parents s’inquiètent pour leur enfant asthmatique. L’asthme fait-il partie des facteurs de risque d’infection grave à la COVID-19?

« À la lumière des données actuelles, rien n’indique que les asthmatiques soient plus à risque de la COVID-19. Selon les données disponibles, ils représentent moins de 3 % des cas actuellement », indique Catherine Laprise, professeure à l’Université du Québec à Chicoutimi et titulaire de la Chaire de recherche en santé du Canada sur l’étude des déterminants génétiques de l’asthme.

« Les risques de COVID-19 grave sont extrêmement faibles chez l’enfant et les enfants asthmatiques ne semblent pas plus à risque que les autres selon les observations de nos collègues un peu partout dans le monde », confirme Patrick Daigneault, chef du service de pneumologie pédiatrique au Centre Mère-Enfant Soleil du CHU de Québec.

L’asthme est la maladie chronique la plus fréquente chez l’enfant, et elle touche au total plus de 600 000 personnes de tous âges au Québec.

Même si le coronavirus s’attaque principalement aux poumons, l’asthme ne semble donc pas être un facteur aggravant. Une étude menée à Wuhan, en Chine, a même trouvé que la prévalence de l’asthme parmi les patients atteints de COVID-19 n’étaient que de 0,9 %, soit nettement moins que la proportion d’asthmatiques dans la population générale.

Plusieurs autres études ont confirmé cette observation : « de façon surprenante, la prévalence des maladies respiratoires chroniques chez les patients atteints par le SRAS et la COVID-19 semble plus basse que la prévalence dans la population générale », lit-on dans une revue sur le sujet parue dans l’European Respiratory Journal.

Garder l’asthme sous contrôle

Tous les experts insistent toutefois sur l’importance de maintenir l’asthme sous contrôle, pour éviter les hospitalisations liées aux crises d’asthme d’une part, et pour éviter une trop forte inflammation bronchique d’autre part (qui pourrait être aggravée par le virus).

« Les recommandations actuelles sont de poursuivre le traitement de fond habituel pendant la pandémie », afin d’éviter les exacerbations, peut-on lire dans un mémo clinique paru dans le Canadian Medical Association Journal fin avril. Nous en parlions ici aussi.

« Il n’y a aucune donnée suggérant que les médicaments pour l’asthme nuisent dans ce contexte », ajoute Louis-Philippe Boulet, pneumologue à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec.

Il ne faut donc surtout pas arrêter les traitements par corticoïdes inhalés (« pompes »), qui ne fragilisent pas les défenses immunitaires, contrairement à ce que craignent certains patients.

« Les asthmatiques doivent suivre, comme tous, les règles socio-sanitaires et s’en tenir à leur médication habituelle sans crainte plus élevée que les autres personnes. Ils doivent évidemment être bien contrôlés pour leur asthme et l’avis du médecin traitant l’enfant en cas de doute est toujours la meilleure option, puisqu’il ou elle connait les données relatives à la santé globale de l’enfant », précise Catherine Laprise.

Des recommandations pour le retour à l’école viennent d’être émises par la Société canadienne de thoracologie et les détails sont disponibles dans une infolettre du CHU Ste-Justine. Certains enfants présentant un asthme sévère devraient consulter leur médecin avant d’envisager un retour, comme détaillé ci-dessous.

CRITÈRES DE RÉÉVALUATION PAR LE MÉDECIN AVANT LE RETOUR À L’ÉCOLE OU LA GARDERIE

Les enfants présentant l’une des 4 conditions suivantes devraient consulter leur médecin pour approuver le retour à l’école ou la garderie.

  1. Admission aux soins intensifs pour une crise d’asthme dans les 12 derniers mois.
  2. Prise de corticostéroïdes oraux (sirop ou pilule) de façon continue pour un mois ou plus dans les 6 derniers mois.
  3. 3 crises d’asthme ou plus nécessitant des corticostéroïdes oraux (sirop ou pilule) dans les derniers 6 mois.
  4. Contrôle de l’asthme sous optimal sur les 3 derniers mois.

La COVID-19 suscite énormément de questions. Afin de répondre au plus grand nombre, des journalistes scientifiques ont décidé d’unir leurs forces. Les médias membres de la Coopérative nationale de l’information indépendante (Le Soleil, Le Droit, La Tribune,  Le Nouvelliste, Le Quotidien et La Voix de l’Est), Québec Science et le Centre Déclics’associent pour répondre à vos questions. Vous en avez? Écrivez-nous. Ce projet est réalisé grâce à une contribution du Scientifique en chef du Québec, qui vous invite à le suivre sur Facebook, Twitter et Instagram et du Laboratoire de journalisme de Facebook.

Avec le soutien du Réseau de l’Université du Québec et des Fonds de recherche du Québec.