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7 avril 2020
Jean-François Cliche, Le Soleil
Q : « Je me demande si les moustiques et les autres insectes piqueurs pourraient être des vecteurs de contagion lorsque les beaux jours reviendront? », veut savoir Vincent McCormack, de Québec. Avec le printemps et la neige qui fond, plusieurs lecteurs nous ont envoyé cette question. Alors voyons voir…
R : On a tendance à penser que les maringouins peuvent propager un peu n’importe quelle maladie en piquant des gens malades et en transportant le sang contaminé vers d’autres personnes. Mais de manière générale, ce n’est vraiment pas si facile que cela, pour un virus, d’être transmis par des moustiques.
D’abord, lit-on sur le site de la revue Nature, la « bouche » des moustiques est composée de six parties différentes, dont quatre servent à pénétrer la peau. Les deux autres sont faites comme des tubes : l’un pour injecter de la salive, l’autre pour aspirer le sang. Mais il n’y a généralement pas de transfert de sang lors de la piqûre : seule de la salive est inoculée et, si elle ne contient pas de virus, aucune maladie n’est transmise.
Certains virus ont évolué pour être propagés par les morsures d’insectes, par exemple en étant capables de se reproduire dans les glandes salivaires de certaines espèces de moustiques, mais ce n’est absolument pas le cas de la COVID-19 — et la règle générale est que les virus avalés par les moustiques sont digérés comme le reste du sang.
Un moustique peut quand même transférer du sang contaminé d’une personne à l’autre s’il pique le porteur d’une maladie puis pique quelqu’un d’autre très peu de temps après, ajoute Benoît Barbeau, chercheur en virologie à l’UQAM. Mais même dans un cas pareil, dit-il, « les chances d’avoir la COVID-19 à cause de ça sont pratiquement inexistantes ». Les virus sont en effet des êtres très spécialisés qui ne peuvent infecter que certains types de cellules particuliers, qui possèdent les « bons » récepteurs à leur surface. Or la COVID-19 n’est capable d’infecter que les muqueuses des voies nasales et du haut des poumons, soit des endroits du corps qui sont beaucoup plus facilement accessibles par gouttelettes inhalées qu’en passant par le sang.
Dans le sang, les virus sont reconnus par le système immunitaire dit « inné » (contrairement aux anticorps, qui eux sont « acquis ») et il faudrait une très grosse dose de COVID-19 pour contracter la maladie par le sang.
Bref, on n’aura pas à se préoccuper des moustiques plus qu’à l’accoutumée cet été.
Q : «Les oiseaux migrateurs, qui arriveront chez nous très prochainement, peuvent-ils être porteurs de la COVID-19 ?», demande Jana Lavoie.
R : « Aucunement. De ce qu’on sait de ce virus-là, les oiseaux ne le transmettent pas », dit M. Barbeau. Le « réservoir anima l» (soit l’espèce qui abrite le virus de manière permanente et à partir de laquelle il a fait le saut chez l’humain) n’a pas encore été identifié avec certitude, mais les soupçons portent surtout sur des chauve-souris de Chine, et non sur les oiseaux migrateurs.
Ceux-ci sont parfois à l’origine de « zoonose », soit le passage d’un microbe animal à l’humain, mais ils sont surtout associés à l’influenza, et non aux coronavirus.
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