24 mai 2020
Jean-François Cliche, Le Soleil
De manière générale, oui, la « famille » des coronavirus (qui inclut la COVID-19, mais bien d’autres aussi, dont quatre virus bénins qui donnent le rhume) survit bien dans l’eau douce, du moment qu’elle n’est pas trop polluée. Une étude parue en 2009 dans la revue savante Food and Environmental Virology a trouvé qu’il faut environ 10 jours pour que 99,9 % des coronavirus soient éliminés dans l’eau du robinet à 23 °C, et plus de 100 jours lorsque l’eau est maintenue à 4 °C. D’autres travaux du même genre parus la même année dans Water Research ont pour leur part conclu que, dans l’eau d’un lac, il faut de 10 à 15 jours avant que 99 % des coronavirus ne meurent dans l’eau d’un lac.
Maintenant, est-ce que cela signifie que la baignade en lac ou dans les piscines publiques — si celles-ci finissent pas réouvrir — sera dangereuse? Essentiellement, non, parce que « le virus est tellement dilué dans ces conditions-là que les risques sont infinitésimaux », répond le chercheur de l’Institut Armand-Frappier (INRS) et spécialiste des coronavirus Pierre Talbot.
Comme les autres coronavirus humains, la COVID-19 se transmet très principalement par les gouttelettes que les malades expulsent quand ils toussent, éternuent ou autre. Quand une gouttelette arrive sur la main de quelqu’un ou sur une surface solide, elle reste entièrement en place avec tous les virus qu’elle contient. Mais quand elle tombe dans l’eau, c’est une autre histoire : la gouttelette étant elle-même presque entièrement composée d’eau, elle va se mélanger à celle de la piscine ou du lac, et les virus qu’elle contient vont alors se disperser au lieu de rester tous concentrés au même endroit. Alors si un baigneur passe par là, la quantité de virus qu’il risque d’avaler a toutes les chances d’être infime, insuffisante pour provoquer la maladie.
En outre, les lacs sont de grandes étendues d’eau fréquentées par relativement peu de gens, ce qui réduit encore plus les risques. Les piscines, elles, sont bien sûr plus densément occupées, mais leur eau est chlorée et les microbes y meurent rapidement.
Bref, dans les piscines publiques, c’est beaucoup plus la proximité des baigneurs entre eux (tant dans l’eau qu’à l’extérieur, dans les vestiaires, dans la file d’attente pour le plongeon, etc.) que la présence du virus dans l’eau qui peut être problématique.
La COVID-19 suscite énormément de questions. Afin de répondre au plus grand nombre, des journalistes scientifiques ont décidé d’unir leurs forces. Les médias membres de la Coopérative nationale de l’information indépendante (Le Soleil, Le Droit, La Tribune, Le Nouvelliste, Le Quotidien et La Voix de l’Est), Québec Science et le Centre Déclic s’associent pour répondre à vos questions. Vous en avez? Écrivez-nous. Ce projet est réalisé grâce à une contribution du Scientifique en chef du Québec, qui vous invite à le suivre sur Facebook, Twitter et Instagram et du Laboratoire de journalisme de Facebook. Avec le soutien du Réseau de l’Université du Québec et des Fonds de recherche du Québec. |