La capacité d’accueil en soins intensifs des pays est une variable cruciale dans la réponse à la pandémie. Le Québec est loin d’être en tête de palmarès.
Partout où la pandémie de COVID-19 flambe, en particulier en Italie et en France, les hôpitaux débordent. Des hôpitaux militaires sont construits en urgence, des patients sont transportés par avion dans des régions moins touchées… On estime qu’environ 5% des personnes atteintes développent une insuffisance respiratoire sévère qui nécessite des soins intensifs. Quelle est la capacité d’accueil en soins intensifs ici?
Le Québec dispose d’environ 1000 lits de soins intensifs et 3000 ventilateurs, selon l’information communiquée par le Ministère de la Santé et des Services sociaux.
Si on rapporte cela au nombre d’habitants dans la province (environ 8,4 millions), on a une moyenne de 11 lits pour 100 000 habitants. C’est moins qu’en Italie… En effet, selon un article de Statista, l’Italie a environ 12,5 lits de soins intensifs pour 100 000 habitants, alors que l’Allemagne en compte 29,2 et les États-Unis environ 34.
Selon une revue publiée en 2012 dans le journal Current Opinion in Critical Care par deux chercheuses américaines, malgré «l’énorme variation» entre les pays, «il n’y a pas de consensus sur le nombre idéal de lits de soins intensifs pour servir une population».
Par rapport au reste du Canada, le Québec se positionne un peu au-dessus de la moyenne (qui est de 9,5). C’était du moins le cas en 2015, selon un recensement effectué dans 286 hôpitaux au travers du pays et publié dans la revue Critical Care.
La faible capacité hospitalière du pays est d’autant plus inquiétante qu’en moyenne « les unités de soins intensifs des grands hôpitaux et des hôpitaux d’enseignement fonctionnent à 90 % de leur capacité » au Canada, selon un rapport de l’Institut canadien d’information sur la santé de 2016.
«Elles ont toutefois dépassé leur capacité pendant des périodes pouvant aller de 45 à 51 jours en 2013-2014», lit-on, en absence de toute épidémie majeure. La pandémie laisse donc présager une saturation rapide de ces unités.
Il faut toutefois prendre en compte la capacité d’adaptation du système de santé en temps de crise, souligne le Dr François Marquis, chef de service des soins intensifs de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont à Montréal. « Par exemple dans mon hôpital, j’ai habituellement accès à 17 lits. Présentement j’ai 31 lits et la semaine prochaine je pourrai en avoir 50. D’autres hôpitaux peuvent aussi augmenter comme moi, d’autres non », précise-t-il.