20 mai 2020
Jean-François Cliche, Le Soleil
R : Il est difficile de se faire une idée précise de l’évolution de l’épidémie au Québec en regardant uniquement le nombre quotidien de nouveaux cas. Si l’on avait toujours fait le dépistage de la même façon, ce serait un indicateur utile, mais les politiques de dépistage de la COVID-19 ont changé plusieurs fois au fil des semaines : elles ont d’abord visé les voyageurs pour ensuite se tourner vers la « transmission communautaire » (les gens qui attrapent la maladie ici au lieu de la ramener de l’étranger). Et depuis le 1er mai, les ressources sont concentrées vers les régions les plus touchées, auxquelles sont réservés 80 % des tests disponibles.
Alors si on fait de plus en plus de tests quotidiennement et qu’on les dirige davantage vers les secteurs « chauds », on doit s’attendre à trouver plus de cas — mais cela ne signifie pas forcément que le coronavirus gagne du terrain.
C’est en partie pour cette raison que le nombre des hospitalisations causées par la COVID-19 est considéré comme un indicateur plus intéressant : parce qu’avoir été testé ou non ne change rien au fait qu’une personne vraiment mal en point va se rendre à l’hôpital.
Or à cet égard, il semble que le Québec soit parvenu à « aplatir la courbe », comme on dit, mais que le nombre d’hospitalisations stagne. Depuis le 15 mai, on compte entre 1700 et 1800 personnes hospitalisées à cause du coronavirus, un nombre comparable à celui du début mai. On a vu un peu la même chose avec le nombre de gens aux soins intensifs : il tourne autour de 180 depuis quelques jours, ce qui est une baisse comparé au pic de 200 à 220 d’avant, mais ce nombre était resté au-dessus de 200 pendant presque tout le mois d’avril et le début de mai.

Le « plateau » que le Québec a traversé pendant des semaines vient donc peut-être, en partie, du fait qu’on a mis du temps à prendre toute la mesure de l’épidémie.
Cette situation s’est en bonne partie résorbée depuis, dit Dr Carignan, quand des ressources d’hébergement temporaire ont été ouvertes pour cette clientèle-là, mais cela a pu garder les chiffres d’hospitalisations artificiellement élevés pendant un certain temps.
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