Quels médicaments donne-t-on contre la COVID-19?

16 avril 2020
Jean-François Cliche, Le Soleil

Pilules, Médecine, La Santé, Médicaux

Q : « Quels sont les traitements utilisés pour guérir la COVID-1? Est-ce qu’on prescrit des médicaments? Lesquels? Et qu’apportent ces médicaments aux patients? », demande Robert Boudreau, de Laval.

R : « Il n’existe présentement aucune thérapie contre ce virus dont l’efficacité a été prouvée », lisait-on en début de semaine dans un article paru dans le Journal of the American Medical Association (JAMA). Les auteurs de l’étude ont ratissé la littérature scientifique publiée au cours des derniers mois sur la COVID-19 et n’ont trouvé aucun médicament qui combattrait directement le coronavirus lui-même (du moins pas de manière qui soit minimalement prouvée).

Par exemple, la pénicilline agit « directement » sur certaines bactéries en attaquant chimique leur coquille externe. Les médicaments antirétroviraux empêchent certains virus dits « à ARN » (l’ARN est une forme de matériel génétique) de transcrire leur génome en ADN, ce qui a pour effet final de les empêcher de se reproduire. C’est ce genre d’effet direct que l’on recherche pour combattre un microbe, mais il n’y en a pas de connu pour le virus de la COVID-19.

L’article du JAMA mentionne que le remdesivir est pour l’instant le candidat le plus prometteur. Il s’agit d’un médicament qui fait commettre des erreurs génétiques lors de la réplication de certains virus. Il a montré un bonne efficacité contre la COVID-19 dans des tests en éprouvettes et des essais cliniques sont en cours, mais il faudra attendre les résultats pour en savoir plus — car disons-le, l’histoire de la pharmacologie est remplie de molécules qui avaient l’air très efficaces in vitro et qui se sont avérées très décevantes lorsque testées sur de vrais organismes.

Ça ne veut pas dire qu’il n’existe pas de médicament ou d’autres formes de traitement qui puissent aider les malades, remarquez bien. Il en existe, en effet, qui aident à réduire les symptômes. Selon le cas individuel, on peut par exemple donner des antipyrétiques si la fièvre est trop forte, ou fournir de l’assistance respiratoire si les poumons ne « fournissent plus », et ainsi de suite. Ce n’est pas idéal, puisque il vaut toujours mieux s’attaquer directement à la cause du mal plutôt que de traiter les symptômes, mais c’est ce qu’on a présentement. Et ajoutons que dans la très vaste majorité des cas, c’est suffisant puisque la plupart des gens s’en sortent avec peu ou pas de symptômes.

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