17 avril 2020
Valérie Borde, Centre Déclic
Nous recevons toutes sortes de questions au sujet des symptômes de la COVID-19. Voici donc où en sont les connaissances.
Au fur et à mesure que la pandémie se répand, des médecins et des chercheurs rapportent effectivement une grande variété de symptômes chez des personnes ayant contracté la COVID-19. Toute la difficulté consiste à déterminer si ces problèmes sont vraiment liés au virus ou simplement au hasard, à quel point ils sont fréquents et inquiétants, et s’ils devraient être pris en considération pour repérer des personnes infectées.
Le travail des chercheurs ne fait que commencer et on a encore très peu de certitudes. On ne sait d’ailleurs pas quelle proportion des gens infectés développe des symptômes, ni pourquoi. Il y a aussi de fortes de chances que des symptômes très légers passent sous le radar.
Parmi les gens qui tombent malades, les symptômes les plus courants ont rapidement été identifiés. Dans une étude publiée sur 1099 personnes admises dans des hôpitaux en Chine en janvier, 44 % étaient fiévreuses en arrivant à l’hôpital et 88 % ont eu de la fièvre pendant leur séjour, 67 % avaient de la toux, 38 % une grande fatigue et 19 % des difficultés respiratoires, ont rapporté des chercheurs chinois dans le New England Journal of Medicine fin février. Ces quatre symptômes ont par la suite été rapportés, dans des proportions variables mais toujours importantes, dans de multiples études. Ils servent aujourd’hui de signaux d’alarme pour suspecter la COVID-19.
Q : « On parle des symptômes digestifs chez plusieurs patients (nausées, vomissements diarrhée et douleurs abdominales) survenant avant l’apparition des symptômes respiratoires. Est-ce que cela se confirme? », demande Lise Archibald, de Lévis.
Plusieurs autres symptômes fréquemment associés à des virus respiratoires ont été retrouvés chez des personnes infectées, comme des maux de tête et de gorge, douleurs musculaires et troubles gastro-intestinaux, mais moins souvent que la toux, la fièvre, la fatigue et les difficultés respiratoires. Une étude publiée le 14 avril dans le American Journal of Gastroenterology laisse toutefois entendre que des troubles digestifs pourraient être plus courants qu’anticipé : sur 204 personnes s’étant présentées à un hôpital de la région du Hubei, en Chine, 38 (soit 18 %) avaient ressenti des symptômes comme de la diarrhée, des nausées ou des douleurs abdominales. Cependant, seules 6 personnes dans cette étude ont eu des troubles digestifs sans symptômes respiratoires, preuve que ceux-ci restent largement prédominants. Au final, ces patients n’ont pas été plus nombreux à devoir être traités en soins intensifs ou à mourir de la maladie. Il n’est pas exclu que ces symptômes puissent se manifester avant les troubles respiratoires dans certains cas, mais on ne sait pas à quel point cela pourrait être fréquent.
Q : « On entend que la COVID-19 peut donner des symptômes qui ressemblent à des engelures. J’aimerais avoir l’heure juste à ce sujet », demande une lectrice de Saint-Hyacinthe.
Dans le cas des engelures, rien n’a été publié dans la littérature scientifique. L’idée vient d’un groupe d’échanges entre dermatologues français qui ont rapporté avoir été en contact avec un grand nombre de gens confinés se plaignant d’acrosyndromes, des troubles de la circulation dans les extrémités qui ressemblent à des engelures. La majorité des gens qui s’en sont plaints auraient eu d’autres symptômes évoquant la COVID-19, rapporte le magazine Sciences et Avenir. On n’en sait pas plus pour l’instant. Il est possible que ces troubles soient liés à la maladie, mais bien d’autres éléments pourraient être en cause et il est vraiment beaucoup trop tôt, dans ce cas, pour en tirer des conclusions.
D’autres dermatologues ont rapporté dans des études encore préliminaires des problèmes de peau affectant une partie des personnes infectées. En Lombardie, par exemple, des dermatologues ont examiné 88 personnes hospitalisées pour la COVID-19, n’ayant pas pris de nouveau médicament dans les deux semaines précédentes qui auraient pu donner des symptômes dermatologiques. Dans ce groupe, une personne sur cinq a eu des problèmes cutanés comme un rash érythémateux ou de l’urticaire, principalement sur le tronc. Ces problèmes sont survenus soit au début, soit en cours de maladie, ils n’étaient pas le signe d’une maladie plus ou moins grave et se sont résorbés spontanément en quelques jours. Ces symptômes dermatologiques sont aussi observés avec d’autres virus respiratoires, et n’ont donc rien de surprenant.
Demain : des symptômes neurologiques et cardiaques?
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