Contrôles aux aéroports

16 mars 2020

Q : À propos des aéroports et des questions qu’on pose aux arrivants, comme avez-vous des symptômes ou allez-vous vous isoler. À quel point est-ce efficace, puisque les gens peuvent très bien mentir, être malades sans symptômes, mal comprendre les questions et les concepts? 

R : Malheureusement, je crois que nul ne connait présentement la réponse précise à cette question.
Certains éléments peuvent toutefois contribuer à nous éclairer à ce sujet :

– selon les chercheurs qui étudient la propension des humains à mentir, le mensonge serait plus répandu que ce que l’on croit habituellement dans la société, et la répression moins efficace que ce que l’on pense. J’avais fait le tour de cette question dans L’actualité​ : (voir article paru dans L’actualité)

– en règle générale cependant, la manière d’établir des contrôles, de donner des instructions ou de tirer des conclusions de ce que les gens déclarent (que ce soit dans les sondages, déclarations d’assurance, d’impôts, de douanes, d’enquêtes sur la prise d’alcool, d’ITSS, etc.) tient déjà compte du fait qu’un certain nombre de gens mentent. Les autorités et les chercheurs ne sont pas dupes!

– les gens qui ont contracté le virus mais sont symptomatiques sont beaucoup moins contagieux que ceux qui sont malades, puisqu’ils ne toussent pas et rejettent donc moins de virus dans leur environnement. Dans un monde idéal on voudrait tous les voir isolés quand même, mais le risque est cependant moins qu’avec des gens qui ont déjà des symptômes. Les mesures comme l’indemnisation des gens qui se retrouvent sans salaire parce qu’ils doivent s’isoler (voir article de Radio-Canada) contribuent certainement à inciter les gens à moins mentir à ce sujet.

– il y a effectivement une part non négligeable de la population qui a de la difficulté à comprendre des formulaires écrits (même dans sa langue), et encore bien des gens qui ne comprennent pas la gravité de la crise actuelle, même si ce nombre va sans doute en diminuant à mesure que les messages des autorités se multiplient et que le nombre de cas augmente. Envoyer des gens recevoir et parler aux voyageurs comme l’a fait la Direction de la santé publique de Montréal, est certainement beaucoup plus efficace que de simplement placarder un avertissement.

Les mesures actuelles ne sont certainement pas parfaites. Les autorités savent que les instructions données ne seront pas suivies par 100 % des personnes concernées et on peut raisonnablement penser qu’elles en tiennent compte et s’ajustent en conséquence. Ces mesures contribuent assurément à diminuer le risque. Assez? Seul l’avenir nous le dira.

En espérant avoir réussi quand même un peu à vous éclairer malgré toute cette incertitude et au plaisir de vous croiser dans l’une de nos futures conférences!

Valérie