Quels symptômes « bizarres » pour la COVID-19?

Ces informations ont été en partie mises à jour le 3 mai, dans cet article.

18 avril 2020
Valérie Borde, Centre Déclic

Jeune homme asiatique assis sur un canapé à la maison et se moucher avec un tissu Photo gratuit

Nous recevons toutes sortes de questions au sujet de symptômes inhabituels de la COVID-19. Ce texte fait suite à celui publié hier.

Q : « Pourquoi cette disparition soudaine  de l’odorat…? », demande Jean Pellerin, de Montréal.

Une perte brusque et temporaire de l’odorat et du goût chez les personnes infectées par le SARS-Cov-2 a été rapportée de manière anecdotique par de nombreux patients et médecins à travers le monde. Les études à ce sujet sont encore très préliminaires et peu nombreuses, mais plusieurs autorités de santé ont décidé, suite à des avis d’experts, d’inclure ce symptôme dans la liste des indices de COVID-19. La perte d’odorat ne semble pas liée à une obstruction du nez, mais serait plutôt d’origine neurologique.

Certains chercheurs ont d’ailleurs rapporté divers autres troubles neurologiques qui peuvent sembler inquiétants, mais dont on ne sait pas encore s’ils ont vraiment un lien avec le SARS-Cov-2. Une étude publiée dans la revue JAMA Neurology sur 214 personnes hospitalisées à Wuhan pour la COVID-19 a trouvé qu’un tiers des patients avaient au moins une manifestation neurologique de la maladie… ce qui inclut un spectre très large de problèmes plus ou moins graves, allant des simples maux de tête et étourdissements jusqu’à des accidents vasculaires cérébraux. D’autres médecins ont repéré de rares cas d’encéphalopathies et de syndrome de Guillain-Barré chez des personnes atteintes.

Encore une fois, il est trop tôt pour en conclure quoi que ce soit. Cependant, des atteintes plus ou moins graves et durables du système nerveux semblent possibles. D’une part, l’enzyme ACE-2 qui sert de porte d’entrée au virus dans le système respiratoire est aussi exprimée dans le système nerveux.  D’autre part, plusieurs études réalisées notamment par Pierre Talbot à l’INRS-Institut Armand Frappier montrent de nombreux virus, dont les coronavirus déjà connus, peuvent pénétrer dans le cerveau, principalement par le bulbe olfactif.

Et des problèmes cardiaques?

Des cardiologues américains ont aussi rapporté, dans un article publié dans la revue Circulation, le cas d’une femme qui n’avait aucun autre symptôme apparent qu’une sensation d’oppression du thorax qui, après analyse, s’est révélée être une atteinte du muscle cardiaque. Cela semble rarissime (un seul cas rapporté, alors que près de 2 millions de personnes ont contracté le virus jusqu’à présent). Par contre, les atteintes cardiaques sont très fréquentes chez les gens développant les formes sévères de la maladie : elles toucheraient 20 à 30 % des personnes hospitalisées, et contribueraient à 40% des décès, d’où l’urgence de mieux comprendre les impacts du virus sur le cœur. Selon un bilan des connaissances également publié dans Circulation, près de 2000 études scientifiques révisées par les pairs (sans compter les études préliminaires) ont été publiées dans les trois derniers mois à ce sujet.

La COVID-19 suscite énormément de questions. Afin de répondre au plus grand nombre, des journalistes scientifiques ont décidé d’unir leurs forces. Les médias membres de la Coopérative nationale de l’information indépendante (Le Soleil, Le Droit, La Tribune,  Le Nouvelliste, Le Quotidien et La Voix de l’Est), Québec Science et le Centre Déclic s’associent pour répondre à vos questions. Vous en avez? Écrivez-nous. Ce projet est réalisé grâce à une contribution du Scientifique en chef du Québec, qui vous invite à le suivre sur Facebook, Twitter et Instagram et du Laboratoire de journalisme de Facebook.

Avec le soutien du Réseau de l’Université du Québec et des Fonds de recherche du Québec.